Paris-Manchester 1918
Conservatoires en temps de guerre

Le Tombeau de Couperin

Commencé en avril 1914 par la composition de la Forlane, le Tombeau de Couperin s’inscrit dans ce retour au grand siècle français et au renouveau de la musique ancienne[1]. Jusqu’en 1917, alors que Ravel s’échine à être mobilisé, avant de servir en tant que conducteur, il complète sa partition avec cinq autres mouvements. L’œuvre est créée le 11 avril 1919 à la Salle Gaveau par Marguerite Long et rencontre un vif succès.

Marqué par son expérience de guerre, Ravel dédie chacune des pièces du Tombeau à ses amis tués sur le front durant la guerre. Le Prélude est dédié à Jacques Charlot, qui avait transcrit pour le piano des œuvres de Ravel ; la Fugue est dédiée à Jean Cruppi, tandis que la Forlane et le Rigaudon sont dédiés respectivement à son ami de Saint-Jean-de-Luz, le lieutenant Gabriel Deluc, et à Pierre et Pascal Gaudin, deux frères tués le même jour, eux aussi originaires de la même ville. Le Menuet rend hommage à Jean Dreyfus, beau-fils de sa marraine de guerre, chez laquelle il finira d’écrire le Tombeau de Couperin. La Toccata est dédicacée au mari de sa fidèle amie la pianiste Marguerite Long, Joseph de Marliave, musicologue mort à Senon, le 24 août 1914.

[1]On pense à la figure de Wanda Landowska (1879-1959) et au regain d’intérêt pour le clavecin au début du xxe siècle.

Le Tombeau de Couperin

Maurice Ravel (1918) Le Tombeau de Couperin. Suite for piano, Paris: Durand, Bibliothèque nationale de France, département de la Musique, Fol Vm 12-6382.