Paris-Manchester 1918
Conservatoires en temps de guerre
De la guerre à la paix
Si l’armistice du 11 novembre 1918, marque la fin de combats, elle ne signifie pas pour autant le retour immédiat à la paix. Il faut en effet attendre un an pour signer le traité de Versailles, encore plus pour sortir véritablement de la guerre. Le temps de la sortie est un temps de commémorations : on se souvient, on érige des monuments, on panse les plaies. Ce passage de l’état de guerre au temps du souvenir permet également de sortir de la violence omniprésente durant les quatre ans de conflit. Dans ce contexte naissent les associations d’anciens combattants et de nouvelles aspirations pacifistes voient le jour.
Les États, les gouvernements, mettent en place dans ce moment de transition, des dispositifs afin de renforcer leur autorité, de passer sans heurts d’une société de guerre à une société pacifiée et de réunir la nation autour de nouveaux idéaux communs. Le Conservatoire, à l’image de nombreuses institutions républicaines, devient ainsi, dans la bouche du ministre des Beaux-arts, un creuset pour souder à nouveau la patrie autour de valeurs communes. L’institution elle-même célèbre ses morts, à travers l’édification d’un monument au morts au début des années 1920.
Sur le plan personnel, ce retour à la paix marque également un retour à la vie civile. Les lettres adressées au Comité franco-américain reflètent ce désir de rattraper le temps perdu, de trouver un emploi ou tout simplement, de refaire de la musique.
Bibliographie
Audoin-Rouzeau Stéphane, Prochasson Christophe, 2008 : Sortir de la Grande Guerre. Le monde et l’après-1918, Paris : Tallandier.
Becker Annette, 1994 : La guerre et la foi, de la mort à la mémoire. 1914-1930, Paris : Armand Colin.
Becker Jean-Jacques, Audouin-Rouzeau Stéphane, 1995 : La France, la Nation, la Guerre : 1850-1920, Paris : Sedes.
Becker Annette, 2001 : « La Grande Guerre, entre mémoire et oubli », Cahiers français, no 303, juillet-août 2001.
Demiaux Victor, 2013 : La construction rituelle de la victoire dans les capitales européennes après la Grande Guerre (Bruxelles, Bucarest, Londres, Paris, Rome), thèse de doctorat, Paris : EHESS.
Tison Stéphane, 2011 : Comment sortir de la guerre ? Deuil, mémoire et traumatisme (1870-1940), Rennes : Presses universitaires de Rennes.