Paris-Manchester 1918
Conservatoires en temps de guerre

22 janvier 1918 (Frank Merrick)

Frank décrit sa réaction suite à la récente visite de Hope Squire, demande des nouvelles de ses élèves et parle du pacifisme, cause qui a conduit à sa détention à la période de Noël.

Crédit: University of Bristol Library, Special Collections (DM2103)

My own sweetheart, the tremendous joy of seeing you on the 5th, and the great pleasure of seeing Horace and Penelope, and the excitement of having a talk, and the confusing which of many subjects in my brain clamouring for simultaneous discussion (!), caused me to omit some things I wanted to say. Worst of all, I did not find out how you are… I will always write unless you previously intimate that you want the next ‘visit’ to be a visit (so to speak). This you can do in the letter preceeding the said ‘visit’, or if it is too late for that you can write to the Governor asking him to give me the message. I was so pleased the students got on so well last summer at exams and concerts, tell them to ‘keep it up. Was the Dohnanyi Concertstück performed? Am I right in supposing that Nellie and Edith Mary are both going in for diplomas next summer? If so, I greatly hope all the works can be learned this term, so that next term can be spent in evolution rather than involution (if I may so use a Max Heindl’s expression). You will smile to hear that I have now read the Bible through from cover to cover…

By being exiled from each other for such a far-reaching Cause as Pacifism, we have the proud thought of having spent a very worthy Christmas, one which though far from happiest may prove to have been the most appropriate (in some senses) of our united lives, have we not? How clumsily I have put it!

Ma tendre chérie, l’immense joie de te voir le 5 de ce mois, le grand plaisir de voir Horace et Penelope, la trépidation que je ressens à l’idée de pouvoir enfin discuter, et la confusion des nombreux sujets que je souhaite aborder et se disputent la place d’honneur dans mon esprit(!), m’ont fait oublier plusieurs choses que je souhaitais coucher sur le papier. Le pire de tout, c’est que je ne sais toujours pas comment tu vas… Je continuerai à t’écrire sans faute sauf si tu me dis expressément que notre prochain échange doit prendre la forme d’une « visite » (officiellement parlant). Voilà quelque chose que tu peux faire avant ladite « visite », ou s’il est trop tard pour ça, tu peux écrire au gouverneur et me transmettre le message. Je suis ravi d’apprendre que les étudiants ont obtenu d’aussi bons résultats aux examens et concerts cet été : dis-leur de ne pas perdre cet élan positif. Le concert Dohnanyi Concert Stück a-t-il été donné ? Ai-je raison de croire que Nellie et Edith Mary passent toutes deux les examens, l’été prochain ? Si oui, j’espère sincèrement qu’elles pourront apprendre toutes les compositions au programme cette année, et dédier la prochaine phase d’études à l’évolution plutôt qu’à l’involution (si je peux me permettre d’emprunter l’expression de Heindl). Cela va sûrement te faire sourire, mais j’ai lu la Bible en entier, de la première à la dernière page…

En étant séparé l’un de l’autre pour une cause aussi noble que le pacifisme, nous pouvons nous sentir fiers d’avoir passé un précieux Noël : même s’il était loin d’être le plus joyeux, il est sans doute le plus symbolique (à plusieurs titres) des vies que nous avons décidé de partager, ne crois-tu pas ? Je m’exprime d’une façon tellement maladroite !