Paris-Manchester 1918
Conservatoires en temps de guerre

25 septembre 1918 (Hope Squire)

Hope raconte sa conversation avec une amie dont les expériences soulignent l’inégalité des sexes dans la vie quotidienne des hommes et femmes de la classe ouvrière.

Crédit: University of Bristol Library, Special Collections (DM2103)

…I encountered Mrs Craven the other day who said that she was nearly worn out – I said why did she keep on at the Red Cross work – she said “Well, I’ll tell you, – you don’t know what my life is because your husband is “a sport”.  I’ve spent all my life drudging & slaving after the opposite sex – my father wants as much waiting on as a child, my husband is the same, my only child is a boy, – I started life with a better brain than any of my brothers, but I only got half an education – and I’ll stick to this R.C. work till I drop, because it’s my only chance of hobnobbing with a few well educated women and getting away from the drudgery of home.  I don’t mind work but I’m sick of being looked upon as a creature with no brain…

…L’autre jour, j’ai croisé Mme Craven qui m’a dit qu’elle était au bord de l’épuisement. Je lui ai demandé pourquoi elle continuait à travailler pour la Croix Rouge ; elle m’a répondu : « Vous savez, pour vous dire la vérité, vous ne vous imaginez pas la vie que je mène, parce que vous avez la chance d’avoir un « bon mari ». J’ai passé ma vie à faire la bonne et à me plier aux exigences du sexe opposé. Mon père a besoin qu’on s’occupe de lui comme d’un enfant incapable, mon mari est pareil, je n’ai qu’un enfant et c’est un garçon… Je suis née avec une intelligence supérieure à tous mes frères, mais je n’ai reçu qu’un semblant d’éducation, alors je continuerai à travailler à la Croix Rouge aussi longtemps que j’aurai la force de marcher, car c’est la seule opportunité que j’ai de côtoyer quelques femmes instruites et d’échapper aux sempiternelles corvées domestiques. Je ne rechigne pas à la tâche, mais je ne supporte plus d’être traitée comme une créature sans cerveau…