Paris-Manchester 1918
Conservatoires en temps de guerre

15 mars 1918 (Hope Squire)

Hope parle à Frank du progrès de ses élèves au College. Elle est convaincue que l’amour qu’ils se vouent les aidera à traverser cette période difficile.

Crédit: University of Bristol Library, Special Collections (DM2103)

…The students were very pleased with their messages.  On Tuesday 19th Nelly is playing Beethoven G concerto 1st movement.  I shall accompany as Edith is too overworked, Nelly will play part of Bulow’s Cadenza.  You would be shocked at the way I make cuts in the orchestral bits for these concerts, but it’s the only thing to do or else have no appearances.  We are swamped with singers. My little singer is Florence Holroyd, she comes on Sat: at 2.30.  I teach at College on Tuesday & Friday from 12-1 in Dr. Brodsky’s room, from 1-4 in Max’s, Mr. Forbes having turned me out of No.12, after a guerrilla warfare which lasted all last term!…

…I know how ever long this separation continues neither of us will ever miss each other one iota less. – I have often thought lately that a love such as ours must go on for ever, – and must have been going on before we were in this world.  There must have been a very powerful magnetism in both of us to draw us together so persistently in spirit when we were generally so far apart in the flesh. – &  look what separation we’ve had since out marriage too.  I sometimes wonder if it is bound to be that wherever one is reincarnated the other must & will be in the same world so that we can find each other again…

…Les étudiants étaient ravis des messages qu’ils ont reçus de ta part. Mardi 19, Nelly va jouer le 1er mouvement du Concerto en sol majeur de Beethoven. C’est moi qui l’accompagnerait car Edith a trop de travail, et Nelly jouera une partie de la Cadence de Bulow. Tu serais choqué si tu voyais la manière dont il me faut tronquer les parties orchestrales pour ces concerts, mais c’est la seule solution, sinon nous ne jouerions pas du tout. Nous sommes inondés de chanteurs. Ma petite chanteuse s’appelle Florence Holroyd, elle montrera sur scène samedi à 14h30. J’enseigne au College le mardi et le vendredi de 12 à 13h dans la salle du Dr Brodsky, puis de 13h à 16h dans celle de Max, puisque M. Forbes ne me laisse plus accéder à la salle n°12, après la guérilla qui nous a farouchement opposés tout au long du dernier trimestre !…

…Je sais que, quelle que soit la durée de notre séparation, nous nous manquerons toujours l’un à l’autre avec la même intensité. – Ces derniers temps, je me fais souvent la réflexion qu’un amour aussi ardent que le nôtre continuera de brûler pour toujours ; et je me dis qu’il devait déjà brûler bien avant que nous venions au monde. Il doit y avoir un puissant magnétisme entre nous, car l’attraction qui nous pousse l’un vers l’autre en esprit n’a jamais vacillé, alors que nous avons passé tant de temps physiquement loin de l’autre. – Et regarde, il nous faut endurer une nouvelle séparation alors que nous sommes mariés. Je me demande parfois si le destin qui nous unit est tel que, si l’un de nous se réincarne, l’autre le suivra et se réincarnera dans le même monde pour que nous puissions nous retrouver, encore et toujours…